Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
10 mai 2012 4 10 /05 /mai /2012 00:04

etalement_urbain.jpgAlors que les investisseurs des puissances émergentes s'emparent des terres fertiles du monde, en Amérique du sud, en Afrique voire en Europe, il semble qu'en France on préfère artificialiser les sols agricoles pour construire des lotissements pavillonnaires et des centres commerciaux. Sensés augmenter les ressources communales, répondre à la demande croissante de logements et créer des emplois, ce modèle de développement semble être celui des années 70, où les supermarchés et la maison individuelle symbolisaient la modernité et le progrès social. 

Autrefois accusée de tuer les petits commerces de proximité, la grande distribution tue désormais les producteurs dans sa guerre des prix et les agriculteurs dans sa conquête foncière.

En marge, des projets de rénovation urbaine tentent de proposer une autre voie de développement des territoires par la réhabilitation de friches industrielles en zones mixtes d'activités et de logements. D'autres projets architecturaux emblématiques explorent de nouvelles façons de penser l'habitat et la densité. Mais ces projets font encore figure d'exceptions, expressions de volontés politiques locales fortes ou bien de gestes architecturaux subventionnés par des fonds privés et/ou publics.

Les friches valorisables sont certes plus difficiles à convertir, notamment à cause du coût du foncier et des droits de propriété, que des terres agricoles qui se transforment en terrains constructibles à l'aune d'une révision du plan local d'urbanisme ! La maîtrise du foncier étant confiée aux maires, qui délivrent les permis de construire, il est bien difficile de planifier un urbanisme cohérent et durable sur un territoire couvrant plusieurs communes.

La question de l'occupation des sols est pourtant centrale pour une stratégie nationale de développement durable. Le sol et le territoire sont nos principales ressources, dont les exploitations entrent en concurrence entre elles. Sur un territoire vaut-il mieux exploiter la fertilité du sol et le climat par l'agriculture, la sylviculture, la production d'énergie solaire, ou bien sacrifier ces ressources naturelles pour y construire des voies de circulation, des bâtiments... L'Etat n'étant pas propriétaire du sol, ces questions peuvent pourtant être tranchées exceptionnellement par l'Etat qui peut faire valoir l'intérêt national pour construire des lignes de TGV, des autoroutes. Mais à l'inverse, la sauvegarde (d'intérêt national) d'une agriculture française fait rarement l'objet de préemption de l'Etat.

A-t-on pourtant conscience que l'articificialisation est quasi irréversible ? que chaque fois que l'on transforme une terre agricole en champ de pavillons on s'éloigne encore un peu plus d'une potentielle autonomie alimentaire basée sur une agriculture durable ?

Rappelons un point important. L'agriculture intensive pratiquée en France lui permet aujourd'hui d'être exportatrice nette de denrées alimentaires. Mais ce modèle basé sur des engrais et des pesticides apauvrit progressivement les sols, nuit à la santé des agriculteurs et des consommateurs, détruit la biodiversité, contribue considérablement au changement climatique et ne permet pas non plus à l'agriculture d'être autonome économiquement. L'agriculture française a besoin d'une mutation profonde, d'une transformation au moins aussi importante que celle nécéssaire à l'industrie. L'agriculture doit permettre de redonner une place de premier plan au paysan grâce notamment à la revalorisation économique de leur travail (problème des circuits de distribution). L'agriculture doit aussi changer de mode de production pour adopter des pratiques plus respecteuses de l'environnement et de la santé humaine. Or, ce changement, s'il s'accompagne d'une légère perte de rendement, ne peut être compatible avec une réduction des surfaces agricoles en France.

Les territoires français sont un atout considérable. Ils pourraient valoir à la France une place particulière dans le monde. Car si le rôle philanthropique de fournisseur de denrées agro-alimentaire pour les différents pays du monde dépourvus de terres fertiles suffisantes pour nourrir leurs populations peut faire débat, la pression planétaire sur ces ressources fait définitivement des territoires français un avantage stratégique de premier ordre. Or cet avantage stratégique ne peut être laissé à l'appréciation des collectivités locales.

La lutte contre l'étalement urbain devrait s'inscrire dans la lutte contre la désindustrialisation et pour l'emploi, et en cohérence avec la maîtrise de la consommation énergétique. promouvoir une agriculture durable, c'est aussi l'occasion de réinventer un mode de vie rural attractif et créateur d'emploi. Le projet intial de la loi Grenelle II prévoyait d'attribuer la maîtrise du foncier non plus au niveau de la commune mais à celui de l'intercommunalité. Il s'agit ici d'une clef essentielle pour un aménagement stratégique en phase avec les projets de société qui consiste à renforcer le pouvoir des collectivités territoriales sur leur territoires. Mais l'intercommunalité est-elle encore la bonne échelle ?

A voir aussi la Lettre info du Comité 21 Spécial Ville durable.

Partager cet article
Repost0
22 octobre 2009 4 22 /10 /octobre /2009 20:05

Pour certains adeptes de la décroissance, le terme de développement durable n’aurait aucun sens car il mettrait en contradiction « développement » et « durable ».  Cette expression est aujourd’hui tellement galvaudée qu’elle en aurait perdu une grande partie de son sens, et de l’ambition que les hommes cherchant à améliorer la condition humaine lui avaient attribuée. Cependant, tâchons de ne pas faire de faux procès à l’emploi des termes « développement durable ».

 

Le développement durable est aujourd’hui utilisé aussi bien pour justifier la soutenabilité d’une croissance verte par le gouvernement, que pour appeler à une décroissance sélective par certains écologistes. Que peut vouloir dire alors développement durable ?

 

Tentons donc de définir plus précisément les concepts cachés derrière les mots. Le terme de « développement » a été assimilé depuis l’essor de l’économie moderne (post 1930) à une augmentation de la consommation de biens ou de produis, mesurée par le PIB, cet indicateur reflétant précisément les transactions intérieures d’un pays. C’est ainsi que les pays sont classés entre pays « développés » et pays « en voie de développement », ces derniers devant passer par une période de transition à forte croissance de PIB pour rejoindre le niveau de PIB par habitant des premiers. Or le développement se définit, dans sa plus simple expression, comme l’amélioration des conditions matérielles d’existence. C’est donc bien le modèle économique mondialisé qui a traduit cette amélioration en « plus de consommation ».

 

Le développement est-il donc une notion pertinente à rechercher pour le bien de l’humanité ? Heureusement, oui. C’est en améliorant ses conditions matérielles d’existence que l’homme a pu s’extraire de la rudesse de la nature et de son environnement proche, qu’il a pu développer sa connaissance du monde pour en apprécier la richesse. Une fois ses besoins fondamentaux couverts avec suffisamment de sécurité, l’homme est apte à réfléchir, à s’élever et à rechercher un bonheur d’ordre supérieur. Pour reprendre les mots d’un professeur de philosophie, tout à fait lucide face à des élèves attendant la pause déjeuner : « On ne réfléchit pas lorsqu’on a faim. »

 

Le challenge que propose d’emblée le développement durable est d’arriver à concilier cette amélioration de nos conditions matérielles d’existence avec la nécessité de préserver notre capital naturel pour que ces conditions ne soient pas dégradées pour les générations futures. En soi, l’expression ne pose donc pas plus de limite à notre imagination pour penser et organiser ce développement.
 

On remarque également que l’amélioration des conditions de vie ne veut pas dire la même chose aux quatre coins du monde. Les niveaux de condition de vie matérielle diffèrent d’un extrême à l’autre entre pays industrialisés, où chaque individu a à sa disposition quelques centaines d’esclaves mécaniques pour l’assister dans ses taches quotidiennes, et pays en voie de développement où se nourrir à sa faim est un combat de tous les jours. Par ailleurs, cette amélioration dépend aussi très largement de sa perception culturelle et sociale des individus d’une société, donc des valeurs associées. Le développement en tant qu’objectif prend donc différents sens, selon que l’on s’intéresse au développement individuel ou collectif, globalisé, qui lisse les inégalités avant de chercher à améliorer le confort des plus aisés. 
 

Avec les enjeux que le développement durable soulève, le développement tel qu’il a été poursuivi par les sociétés occidentales n’est pas une interprétation soutenable de la recherche de l’amélioration de nos conditions matérielles d’existence. L’exploitation sans limite des ressources naturelles et leur transformation basée sur des énergies fossiles sont, entre autres, les plus importantes impasses. Sortir de l’impasse signifie donc, en partie, réduire notre dépendance aux énergies fossiles et à tous les esclaves mécaniques qu’elles représentent en réduisant en premier lieu notre demande énergétique et notre consommation de produits manufacturés. Cela pourrait se traduire par une décroissance sélective, qui consisterait à renoncer à l’hyperconsommation comme moyen d’exister et de procurer un bien-être superflu, pour permettre dans le même temps à d’autres d’accéder à un minimum de confort vital.

 

Comme l’écrivait le poète Khalil Gibran, « Combien noble est celui qui ne veut être ni maître ni esclave ». Libérons donc nos esclaves mécaniques pour retrouver notre liberté !  
Partager cet article
Repost0
13 décembre 2008 6 13 /12 /décembre /2008 15:19

Arrêtons les débats sans fin sur les solutions énergétiques ! Faut-il abandonner le nucléaire parce qu’il dépend de ressources non renouvelables et produits des déchets ultra toxiques ? Faut-il exploiter l’éolien partout où il y a suffisamment de vent ? Idem pour le soleil ? Ces questions ne peuvent pas trouver de réponse tant qu’on les pose comme cela.

Premièrement, aujourd’hui nous ne disposons pas de système de production d’électricité durable permettant de satisfaire notre consommation actuelle et future telle qu’elle se dessine. Je parle d’électricité car même l’hydrogène qui pourrait entrer en compétition avec les véhicules tout électriques devra bien être produit par électrolyse, donc grâce à de l’électricité.

Quelles sont les énergies durables ?
Pour être durable, une énergie doit pouvoir être produite (extraite ou transformée) sans altérer l’équilibre de la biosphère et ce, pendant une durée suffisamment longue pour que la question de l’énergie devienne secondaire par rapport à l’astéroïde qui viendra frapper la Terre, ou à l’expansion (avant l’extinction) du soleil. Je vois loin me direz-vous… sans doute, mais a priori il n’y a pas d’autres limites à la durabilité.

De quelle énergie dispose-t-on qui nous permettrait de tenir jusque là ?
Toute énergie produite à partir de la transformation de la lithosphère est par définition non durable. A moins de réussir à réduire notre consommation de pétrole pour que sa régénération (non prédictible) sur des centaines de milliers d’années ne soit rattrapée par le débit d’extraction, toute forme d’énergie fossile tombe dans cette catégorie, sans même parler des conséquences irréversibles sur l’équilibre de la biosphère due à la transformation chimique qui libère des gaz à effet de serre. La seule énergie dont on dispose de façon durable, ou du moins avant que l’on doive coloniser une autre planète parce que notre soleil s’est éteint, est celle que l’on reçoit depuis l’extérieur du système Terre. Il y a donc trois principales sources : le soleil, la rotation propre de la Terre, et la force gravitationnelle qu’exerce la lune sur la Terre (couplée à celle du soleil) et qui met en mouvement les océans sous la forme du phénomène connu de marrée.

En supposant que l’énergie concentrée sous la croûte terrestre soit suffisamment conséquente pour qu’une exploitation à large échelle (en quantité et en durée) de cette ressource thermique ne perturbe pas l’équilibre de la biosphère de l’autre côté de la croûte terrestre, ni n’accélère le refroidissement de la terre, on peut ajouter aux deux premières sources celle de la géothermie. Cette hypothèse n’est pas moindre d’un point de vue théorique car le transfert de chaleur à large échelle depuis le manteau supérieur vers l’atmosphère perturberait les mécanismes naturels existants (mouvements tectoniques et points chauds) qui régulent ces transferts.

La rotation propre de la Terre a pour conséquence la mise en rotation des masses d’air constituant l’atmosphère au dessus des océans (là où il n’y a pas d’obstacles pour gêner cette rotation). Elles tournent dans le sens des aiguilles d’une montre dans l’hémisphère nord, et dans le sens inverse dans l’hémisphère sud. C’est un effet de la force dite de Coriolis (pour ceux qui chercheraient à approfondir la question). En récupérant l’énergie éolienne, on exploite donc en partie la rotation de la Terre. On exploite également les mouvements de masses d’air liés à des phénomènes thermiques.

La première source de chaleur à la surface de la Terre est bien sûr le soleil, et cela a peut-être un côté ironique, car n’oublions pas que si nous sommes sur Terre, c’est bien grâce au soleil ! Notre survie dépend donc de notre capacité à transformer l’énergie que l’on reçoit du soleil (photons, chaleur, radiations…) en énergie utile (électricité, mouvement, …). Nous pouvons également exploiter ce que les autres espèces vivantes ont déjà fait : la croissance des végétaux repose principalement sur la transformation du rayonnement solaire en énergie utilisable par leur organisme et indirectement en nouvelle matière végétale. La biomasse est donc un produit dérivé de l’énergie solaire ! tout comme le vent et les courants marins (hormis ceux dus aux marées).

Faisons le bilan des énergies durables : le rayonnement solaire direct (sous forme d’onde électromagnétique ou de photons), l’énergie cinétique du vent et des marées, la chaleur extraite de la Terre (géothermie) et des courants marins, et la biomasse (toute masse organique contient du carbone qui peut être considéré chimiquement comme un combustible).

Il est important de voir que dans notre description de source d’énergie durable, ne sont envisagées que des sources qui conduisent à un gain d’entropie nul dans l’idéal, c’est-à-dire que le système Terre ne gagne ni perd de l’énergie interne dans la transformation (premier principe de thermodynamique). Dans ce contexte, considérons la solution offerte par la fusion nucléaire. Partant de cette définition, le rêve des scientifiques qui cherchent à reproduire sur Terre l’énergie que l’on reçoit du soleil par la transformation d’un produit largement abondant (l’eau contient le deutérium et le tritium qui fusionnent) en énergie thermique, n’apparait plus vraiment durable si l’on tient à l’équilibre (au sens dynamique) du système Terre et de la biosphère.

Quelle que soit la solution énergétique choisie, la production d’énergie utile est limitée par la nécessité d’avoir une conservation de l’équilibre de la biosphère. Toute source d’énergie, renouvelable ou pas, a son effet sur la biosphère qui pèse sur la biodiversité et la survie de l’espèce humaine. Imaginons que l’on exploite toute l’énergie solaire directe (rayonnement) disponible, ce sera toujours ça de moins absorbé par la croûte terrestre, les océans ou la biosphère. Supposons que l’on exploite tous les estuaires avec des usines marée-motrices, et l’on constate que les effets sur la sédimentation de l’estuaire et les déplacements des espèces aquatiques représentent des dommages environnementaux conséquents. L’exploitation de la biomasse est limitée par sa capacité régénératrice. A ces limites naturelles, il nous faut ajouter les limites technologiques. Toutes les formes d’énergie ne sont pas disponibles de façon à être exploitées par l’homme avec un rendement suffisant. La plupart de ces énergies sont dispersées, diluées dans des masses d’eau monumentales ou perchées à des altitudes inatteignables. Les zones où l’énergie solaire présente des rendements exploitables sont limitées géographiquement. La géothermie, de même est limitée aux zones de faible activité tectonique… Sans faire de liste exhaustive, on comprend que notre ressource énergétique totale théorique est limitée.

A l’instar du principe « le déchet durable, c’est celui que l’on ne produit pas », on pourrait appliquer la même logique avec l’énergie. Une exploitation durable des ressources énergétiques renouvelables passe avant tout par une réduction de la consommation, avec une réduction de la demande en aval couplée avec une augmentation de l’efficience énergétique. La problématique énergétique devient alors locale : quelle production pour quel besoin de la communauté, dans quel environnement ? Et à cette problématique locale viennent s’ajouter des enjeux géopolitiques : comment une nation peut-elle s’assurer une indépendance énergétique lorsqu’elle ne possède pas de ressources renouvelables ? Peut-on produire un peu plus que nos besoins pour vendre de l’énergie à notre voisin ?

A l’heure actuelle, ce sont bien les enjeux géopolitiques et les intérêts particuliers des nations qui pèsent sur les négociations autour du climat. Dans un monde de paix où toutes les nations seraient amies, s’échangeant de l’énergie comme n’importe quel produit, il serait sans doute possible de valoriser une politique énergétique mondiale durable, tirant profit des ressources durables citées précédemment. Au lieu de cela, chaque pays se recroqueville sur ses propres intérêts et ses propres ressources. Un tel assis sur une mine de charbon va s’évertuer à obtenir des permis de polluer pour pouvoir exploiter ses ressources fossiles, tandis que tel autre profite de ses kilomètres de côtes pour y exploiter l’éolien. Et ainsi viennent s’immiscer les intérêts des industriels producteurs de turbines éoliennes ou de centrales nucléaires.

Ainsi on en arrive aux débats d’idée, pour ou contre le nucléaire ? l’éolien ? cela n’a pas de sens. A chaque problème sa solution. Exploitons localement les énergies renouvelables disponibles lorsqu’elles permettent une exploitation à rendement supportable, et ce aussi loin que les limites environnementales le permettent (préservations des écosystèmes, pollution…). L’urgence écologique est telle que nous ne pouvons nous permettre un arbitrage idéologique sur la question de l’énergie. La solution idéale n’existe pas, et l’heure est au compromis. Il nous faut être pragmatique et exploiter toutes les solutions qui nous permettront de réduire à 80% nos émissions de gaz à effet de serre d’ici 2050 par rapport au niveau de 1990. A côté des centrales nucléaires, le captage et stockage de CO2 des décharges et des centrales à charbon et à gaz parait être un autre mal nécessaire.

A mon sens il est plus dangereux de faire croire que les états, les entreprises ou les consommateurs peuvent compenser leurs émissions en achetant des permis de polluer sans que cela ne nous enferme un peu plus dans la tendance à la hausse des émissions des pays riches, que d’employer toutes les technologies disponibles pour réduire physiquement nos émissions totales.

La tendance des émissions est toujours à la hausse, et si cette courbe ne s’inverse pas dans le courant des prochaines années (2008/2009) il s’agira d’un signe très inquiétant pour la possibilité d’atteindre l’objectif de 2050 et donc l’avenir de nos sociétés d’ici la fin du siècle.

Partager cet article
Repost0
14 août 2008 4 14 /08 /août /2008 18:02


On peut trouver des définitions plus ou moins précises de la durabilité ou du développement durable, établies progressivement dans des rapports qui avaient pour but de recueillir une adhésion internationale. De ce fait, la définition du développement durable s’enrichit au fur et à mesure de sa mise en application. Depuis les conclusions d’un colloque international jusqu'à leur mise en pratique quotidienne, le concept de développement durable se traduit en choix et en actions. Les bonnes actions peuvent être recueillies et considérées comme de bonnes illustrations du principe dont elles découlent, mais à la fin est-on sur d’avoir précisé le sens du développement durable, comme par exemple ce que représentent nos ‘besoins’ dans la définition d’un développement « qui répond aux
besoins des générations du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs » ?


Il s’agit maintenant de déterminer quels sont nos besoins. A-t-on besoin de voitures, d’air conditionné, de fruits hors-saison, de viande de bœuf, de prendre l’avion… ? Ces choix ne paraissent pas évidents pour tout le monde, et une prise de conscience profonde correspond à la détermination de ce que l’on est prêt à sacrifier (encore qu'il ne s'agisse pas toujours de sacrifice) pour permettre aux pays en voie de développement et aux générations futures d’accéder à une qualité de vie au moins comparable à la nôtre, sinon meilleure. Ensuite, il est encore plus délicat d'anticiper les besoins des générations futures. Ce que nous estimons important de préserver ou de développer aujourd'hui correspond-il aux attentes des hommes qui peuplerons la planète dans 100 ans ?

En tant que citoyens-consommateurs nous manquons encore de représentations pour nous rendre compte de l’ampleur de l’effort à fournir. Nous pouvons avoir des chiffres en tête, comme le pourcentage de réduction d’émissions de CO2 à atteindre en 2050, mais cela ne nous dit pas si nous devons renoncer à partir en vacances sur un autre continent, concrètement.


Nous devons nous approprier la question de la définition de nos besoins pour pouvoir définir une société durable. Et pour cela, nous ne devons pas attendre après des définitions conventionnelles mais poser le débat sur la place publique et éduquer par l’action (voir la conclusion de l’article Le projet intime de l’homme, ou le fondement du livre tout vert).

Partager cet article
Repost0
6 août 2008 3 06 /08 /août /2008 14:15

Le développement durable et les bouleversements planétaires déjà observés, changement climatique, crise économique, crise des ressources naturelles, crises humanitaires, sanitaires et sociales, nous imposent de prendre urgemment nos responsabilités. Cette perspective d’évolution néfaste sans précédent de notre civilisation nous fait prendre conscience de l’ampleur de ce qu’on a à perdre, et nécessite un appel à la solidarité pour la survie de l’espèce humaine. Mais de quelle espèce parle-t-ton ? S’agit-il de l’homme qui a péché par orgueil en voulant dominer la nature ou de celui qui a grandi, qui s’est enrichi de ses erreurs passées et qui est maintenant prêt à agir en adulte, respectant la nature comme sa terre d’accueil ?

Ces dernières lignes peuvent paraître évidentes, voire naïves, pour la plupart des lecteurs, mais il est nécessaire de poser des fondations saines pour la construction d’un monde durable, si évidentes soient-elles. Dans ces conditions, le challenge est de savoir ce que nous voulons apprendre à nos enfants et dans quel monde nous souhaitons les élever sans reproduire les erreurs du passé. La principale erreur dont ce blog en est l’objet, est celle qui a amené l’homme à être aliéné par un système sociétal qui l’a éloigné des règles fondamentales dictées par la nature. Notre système économique repose sur des valeurs virtuelles qui n’ont plus d’attache avec aucune valeur naturelle ou humaine. On s’est laissé dominer par un système qui place la valeur économique au-dessus de la valeur humaine alors même que cette dernière reste la finalité. Cela n’a pas de sens, et cela s’explique en partie par le fait que la valeur économique des choses, ou valeur d’échange, ne comprend pas le coût écologique des biens que nous produisons et consommons. L'homme est aliéné par une société si complexe qu’elle peut nous dicter notre façon de vivre et accomplir chaque tâche quotidienne sans même qu’on ait à se poser la question de leur but. C’est ainsi que l’on perd le lien avec la nature et donc le sens de nos actes. Si l’on veut comprendre ce que pourrait être un monde durable, il faut revenir à la définition de nos besoins et comprendre les mécanismes naturels pour réapprendre à vivre.

Que nous le souhaitions ou non, que nous disposions de la plus haute technologie ou pas, nous devons apprendre à vivre en harmonie avec notre environnement si l’on veut que notre présence sur Terre soit durable. Et cela passe par la dure acceptation de notre infériorité par rapport à la complexité de notre biosphère. Chaque homme impose son empreinte à son écosystème et malgré la plus haute sophistication des technologies, on ne pourra jamais s’affranchir des effets de la nature parce que notre biosphère est un tout. Le mieux que l’on puisse faire est de détourner les effets, autrement dit déplacer les problèmes, ce qui, dans un monde fini et de plus en plus petit, s’apparente à un gigantesque désordre toujours plus incontrôlable.

La découverte de la finitude du monde et de la complexité de la nature nous apprend que le sens du progrès ne peut être de permettre à l’homme d’être indépendant de la nature, mais au contraire de savoir vivre en cohérence avec les lois que la nature nous dicte et que la science nous permet de découvrir. Le développement durable est l’apprentissage de l’humilité. Il n’y a pas de pire aveuglement que le positivisme qui a poussé le développement des techniques et technologies des dernières révolutions industrielles. Les décisions que nous prenons aujourd’hui pour l’édification d’un monde durable ne peuvent pas être parfaites, mais ce qui est sûr, c’est que faire reposer nos espoirs sur la technologie seule n’est pas la solution car c’est cette stratégie qui nous a amenés dans cette situation. L’homme, en comprenant la nature, devient responsable. Il s’agit certainement de la plus importante humiliation depuis la découverte de la position héliocentrique, et non géocentrique, de la Terre dans le système solaire (selon la formule employée par Freud). Accepter cette nouvelle découverte, c’est passer à l’âge adulte. En effet, l’homme se comporte comme un enfant capricieux, ou un adolescent effronté, en utilisant les ressources de la nature pour son développement selon ses besoins à court terme. Notre planète est notre habitat. Si l’on veut grandir en son sein il nous faut en accepter les règles.

L’agence spatiale américaine, la NASA, a récemment dévoilé son objectif à long terme de colonisation de la planète Mars. L’homme sortirait ainsi de son cocon. Mais qu’a-t-on à apprendre d’un environnement hostile à la vie, alors que nous ne sommes même pas encore capables de vivre dans un environnement qui a développé la vie ? L’homme a définitivement besoin d’être éduqué avant d’avoir l’ambition de voler de ses propres ailes et de s’installer sur une nouvelle ‘terre’.

 

 

 

 

Partager cet article
Repost0