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10 août 2012 5 10 /08 /août /2012 00:45

On vit dans le monde qu'on voit
On voit ce que la conscience éclaire
La conscience est la lumière du sujet libre
Le sujet habite le monde de son corps
Le corps est une machine
La machine produit de l'action
L'action est mouvement
Le mouvement est déplacement de matière
La matière constitue l'être
L'être en mouvement est vie
La vie est la poésie du monde
La poésie est émotion
L'émotion est l'expression du coeur
Le coeur est la raison du poète
Je suis le poète de ma vie
La vie est la poésie du monde.

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29 mars 2012 4 29 /03 /mars /2012 00:21

Fruit d’un heureux hasard surgi au cours des milliards d’années de construction de l’univers, la pensée est certainement le résultat de millions d’années d’évolution de la vie sur terre au cours desquels l’organisation d’une matière de plus en plus complexe a résisté au désordre cosmologique et aux aléas de la biosphère, terrain de jeu de la dite « sélection naturelle ». Et si, face aux catastrophes annoncées, nous nous inspirions de l’histoire de nos origines pour comprendre par quels moyens y résister, sorte de biomimétisme anthropologique ?

 

Une histoire naturelle née du désordre

L'étude de la cosmologie nous enseigne une histoire de l’univers comme une suite de catastrophes, c’est-à-dire de désintégration-construction de la nature, qui a fait émerger des formes d’organisation de la matière de plus en plus complexes et stables dans des conditions données. Ainsi la matière a vaincu l’antimatière, les étoiles se sont allumées, le système solaire s’est formé et ses planètes constituantes ont commencé leur ballet. Sur l’une d’entre elles, ont émergé des micro-organisations particulières : acides aminés, macro molécules à l’origine des premières cellules vivante, puis organismes protozoaires jusqu’aux macro-organismes : mammifères, hominidés, tribus, sociétés et civilisations. Toutes ces formes d’organisation de la nature sont nées d’interactions surgissant au milieu de mouvements aléatoires et désordonnés, ou au cours de catastrophes : explosion du big bang, implosion-explosion thermonucléaire d’une étoile, choc d’une météorite, etc. Ce sont les formes d’organisation les plus stables, les plus résistantes aux chocs qui ont successivement construit la vie. Plus récemment, la conscience serait le dernier attribut né d’interactions entre les premiers hominidés et leur environnement, résultat d’une succession de mutations génétiques stabilisantes.

Ainsi, si notre pensée était la caractéristique principale et discriminante de notre espèce, ce serait aussi notre unique qualité susceptible d’assurer notre survie dans l’univers. De deux choses l’une : soit cette faculté est un facteur stabilisant pour notre espèce dans la biosphère, et nous permet d'y prolonger notre présence, soit il s’agit d’une propriété déviante dans l’histoire de la vie conduisant à une impasse car porteuse d’instabilité.

On retrouve dans la deuxième option l’image d’une espèce humaine vue comme un cancer de la terre, sorte de dégénérescence létale. Dans ce cas, la nature éliminerait d’elle-même cette forme d’organisation au profit d’une autre plus stable. La première option, franchement plus intéressante, nous invite à chercher cette forme d’organisation stabilisante et créatrice de lien entre des entités distinctes mais complémentaires.

 

Analogie physique

Alors que d’un point de vue philosophique l’évolution unidirectionnelle du progrès peut être remise en question, il est dans l’univers une marche inexorable, celle de son expansion. Cette expansion s’accompagne de création de désordre et d’organisation en même temps, nous l’avons vu, mais toujours avec une perte, comme s’il se créait toujours plus de désordre que d’organisation au cours du temps. Cette théorie prend la forme d’un principe de thermodynamique qui traduit cette observation : toute transformation, ou travail, s’accompagne toujours d’une perte d’énergie non valorisable. En d’autres termes une énergie « ordonnée » ou « noble », lorsqu’elle est exploitée pour fournir un travail, se dégrade en partie sous forme « désordonnée », ou calorifique. Par exemple, du mouvement ordonné d’un corps (une voiture) suivant une trajectoire particulière, il résulte d’une part le transport de la charge (travail) mais aussi les frottements dans l’air et au contact du sol qui se matérialisent par des mouvements de particules désordonnés (chaleur). Cette énergie du désordre porte le nom d’entropie.

Ainsi toutes les transformations ayant cours dans l'univers s'accompagnent de création de désordre, ou autrement dit d'une augmentation d'entropie. Seul phénomène à compenser cette création de désordre est donc l'émergence de formes d'organisation de la matière de plus en plus complexe, comme un être humain et son cerveau capable d'héberger la pensée.

 

Analogie avec la civilisation humaine

Après ce détour par les sciences de la nature, revenons à la situation actuelle dans laquelle se trouve l’humanité. La démographie connait une croissance exponentielle, corrélée à une consommation exponentielle de ressources naturelles, énergétiques ou non, à une disparition de la biodiversité et à des pollutions rétroactives sur la santé et le climat. Ces crises représentent pour le moins un risque pour la survie de certaines sociétés, voire de la civilisation, et le signe de transformations ou mutations profondes. Mais l’évolution de l’humanité et de son activité n’est pas seulement quantitative, elle a aussi gagné des propriétés nouvelles. L’activité humaine est mondialisée, si bien que les actions des hommes sont aujourd’hui largement interdépendantes à l’échelle du globe. Il s’agit d’une forme d’organisation naissante et non-encore structurée qui pose des problèmes écologiques et socio-économiques tant à l’échelle locale (accroissement des inégalités géographiques) que globale (épuisement des ressources, changement climatique, acidification…). Cette seconde naissance de l’humanité, ou sorte de mutation d’espèce (voir l’article Crise de civilisation ou mutation d’espèce ? ) est peut-être une opportunité, et sans-doute la seule, de création d’organisation stable.

Sans tomber dans l’alarmisme, l’humanité s’apprête (souvent sans le savoir ni le préparer) à faire face à des bouleversements, pour ne pas dire des « catastrophes » (au sens d’Edgar Morin) d’une ampleur sans précédent. Face à ces catastrophes, l’histoire de l’univers nous inspire de construire une organisation capable de résister à ces bouleversements pour survivre. Notre pensée est notre avantage sélectif, et elle doit maintenant nous permettre de développer notre intelligence collective. L'évolution des moyens de communication, parmi lesquels le web 2.0 est un outil encore en éveil.

Nous serions donc condamnés à nous organiser pour survivre. Simple à dire, mais cette idée n’a-t-elle pas plus de poids lorsqu’elle nous vient des étoiles ?

 

Transposition au processus d’organisation sociale

L’histoire naturelle est une histoire d’évolution et d’adaptation entre des individus et leur environnement naturel et sociétal. Une nouvelle idée émergeant d’un de ces individus ou d’un groupe est exploitée seulement si elle peut être reçue par la société, c’est-à-dire si elle arrive au bon moment et dans un environnement adapté pour sa réalisation. Ce principe d’accueil de l’innovation ne signifie pas non plus que l’idée ne peut pas être en rupture avec l’existant.

Pour résumer, pour innover en matière d’organisation il faut d’une part que des idées émergent et puissent circuler  au sein de la société afin d’avoir un maximum de chance de rencontrer une voie d’application, ce qui est rendu possible par la liberté individuelle d’expression et de circulation, mais aussi grâce à la protection intellectuelle et plus largement grâce au processus de socialisation collectiviste, soit un état de droit qui protège les libertés sans appliquer d’autorité ni de dirigisme trop puissants pour ne pas tuer ces idées dans l’œuf. Nous retrouvons ici le clivage politique traditionnel. Par exemple, si Christophe Colomb a pu mener son projet d’expédition qui l’a conduit en Amérique, c’est avant tout grâce au morcellement de l’Europe en plusieurs états qui lui a permis de trouver parmi ces états un souverain qui y voyait un intérêt. Au même moment en Asie, où un seul empereur dominait tout le sous-continent, cette expédition ne fut jamais lancée tandis que les techniques de navigation étaient tout aussi avancées (cf De l’inégalité parmi les sociétés, Jared Diamond).

Une organisation stable serait donc basée sur un système démocratique en réseau qui favorise le lien social, par opposition aux formes démocratiques oligarchiques ou jacobines. Le lien social, comme interaction créatrice d'ordre à partir du désordre, représente le résultat positif du bouillonnement de l'activité humaine nécessaire à son organisation. Cette question d'organisation est in fine une question politique de gouvernance à réinventer, capable de mobiliser l'intelligence collective et de penser la complexité. Enfin, si le progrès n'a plus de sens aujourd'hui ni de direction, il a une histoire, celle des bouleversements nés de l'agitation sociale (intelligence collective), de pensées reliantes, du génie scientifique et artistique.

 

Cet article a été en particulier inspiré par la lecture de La Méthode, tome I. La nature de la nature, d'Edgar Morin.

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14 février 2010 7 14 /02 /février /2010 17:41

Lever de TerreGalen Rowell, photographe américain, affirma de ce cliché intitulé Lever de Terre, qu’il était « la photographie environnementale la plus influente jamais prise ». Imaginons l’effet d’une telle prise de vue sur les consciences des années 60. Pour la première fois on voyait la Terre, notre maison, comme un corps céleste lointain. La perspective en est troublante, même pour l’homme contemporain. La Terre, apparaissant si petite dans l’horizon lunaire, dévoile ses limites spatiales et sa couleur. On prend conscience que les continents, terrain de jeu privilégié des hommes, sont en réalité d’étendue restreinte par rapport à l’immensité des océans. La Terre a désormais un visage, ce sera la planète bleue.

Ce cliché ferait donc partie des éléments marquant le début d’une prise de conscience écologique. Les conquérants occidentaux, dans un contexte de guerre froide intensifiant les efforts de développement technologique, ont exploré les limites de l’infiniment grand, qui renvoie une image de l’humanité, désormais associée à sa biosphère, îlot bleu de vie au milieu de l’immensité sombre du cosmos.

Aujourd’hui, cette même puissance de feu technologique nous fait découvrir d’autres limites, plus internes cette fois. La planète, qui apparaissait déjà si petite dans le paysage de l’univers, le devient d’autant plus avec les échanges et les réseaux de communication globalisés, les effets climatiques « rebonds », et l’épuisement des ressources naturelles. Plus intimes encore, les limites d’un modèle de civilisation technologue se font sentir. Le progrès par le développement technologique ne semble plus suffisant pour répondre à la recherche d’un développement humain durable. Le progrès scientifique et technique, censé améliorer les conditions matérielles d’existence atteint ses limites car, finalement, il ne permet pas d’empêcher les guerres et la violence, ni de « maîtriser la nature ». Le système économique, bâti sur cette idée du progrès, ne permet pas de résoudre les problèmes de pauvreté et de faim dans le monde, voire les aggrave dans certains cas.

Ce sont en fait de nombreux paramètres sociaux et culturels, propres à l’homme et à chaque société, qu’il faut prendre en compte pour résoudre l’équation du développement. Des paramètres qui ne sont pas toujours quantifiables ni mesurables, difficiles à insérer dans les cases des modèles politico-économiques modernes. Le monde se révèle complexe, à l’image de l’homme, et le schéma de développement par le progrès technique ne parait plus satisfaisant pour le contenter. S’imposer par la force, qu’elle soit technologique ou économique, ne s’avère pas toujours être la façon la plus efficace pour y trouver son compte, que ce soit par rapport à d’autres peuple ou vis-à-vis de la nature. Face à cet échec, c’est tout un modèle de pensée occidentale qui s’effondre. Chaque individu n’est pas un être purement rationnel. Ses choix et comportements, de citoyen et de consommateur, ne sont pas tous rationnels. Les désillusions du libre marché théorique le montrent bien.

Dans son Introduction à la psychanalyse, Freud affirme avoir infligé la troisième grande humiliation à l’homme. Selon son analyse, la première fut infligée par Copernic, découvrant que l’homme n’était pas au centre de l’univers. L’orgueil de l’homme fut ensuite ébranlé par Darwin. L’homme est bien un animal comme son plus proche cousin, le chimpanzé. Enfin, Freud montre que l’on ne saurait expliquer certains effets psychiques sans considérer l’existence d’un inconscient, échappant à tout contrôle de la conscience.

L’homme (occidental ou indo-européen) connaitrait-il au vingt-et-unième siècle une quatrième humiliation, en découvrant que son espèce, si intelligente et puissante, se serait jamais « comme maître et possesseur de la nature », contrairement à ce qu’annonçait Descartes quatre siècles plus tôt ? L’homme, imparfait, libéré de son orgueil et de sa cupidité, prendrait-il conscience de sa juste place au sein de la bio-géosphère ? celle d’une espèce animale condamnée à préserver les équilibres naturels pour assurer sa survie.

 

Il n’est pas anodin de voir murir de nombreuses réflexions sur l’homme en tant qu’espèce, et également en tant qu’agent géologique capable de transformer la composition et le fonctionnement de la bio-géosphère. Philosophes, historiens et sociologues s’emparent du sujet. L’espèce humaine est prise comme sujet, ancrée dans sa condition biologique et son écosystème. Une fois l’« humiliation » passée, l’homme peut grandir en acceptant sa condition[1] et en poursuivant la réflexion. Poursuivons, donc.

En effet,  la survie de l’homme s’inscrit dans une niche écologique, bien que très largement étendue, dépendant des flux d’énergie et de matière disponibles. Bouleverser les équilibres écologiques grâce à une technologie trop puissante ne permettrait pas aux équilibres lents de se maintenir. La vitesse à laquelle s’opère la force (puissance = force x vitesse) devient trop rapide par rapport à la régénération des ressources, dépendant de processus naturels, et rend l’adaptation de l’espèce difficile. La prise en compte de l’homme en tant qu’espèce amène alors plusieurs pistes de réflexion intéressantes.

La force de l’homme, par son intellect et sa science, lui a permis de s’adapter à son environnement, bien que la voie empruntée ne paraisse pas soutenable pour les générations futures. Il s’agit à présent d’utiliser cette force d’analyse pour mieux comprendre notre environnement et le fonctionnement de la biosphère en tant qu’écosystème. C’est le rôle de l’écologie en tant que science. Curieux et intelligent, l’homme explore l’infiniment petit, l’infiniment grand et l’infiniment complexe, pour comprendre le fonctionnement des processus naturels, la composition de la matière, les interactions entre les corps célestes, etc. Il continue d’apprendre et de s’enrichir de ces connaissances scientifiques et repousse sans cesse les limites de l’invisible et du mystérieux sans jamais les atteindre, car la complexité du monde dépassera  toujours la capacité de l’entendement humain.

Sachant cela, l’homme réalise qu’il ne peut pas maîtriser les effets des phénomènes qu’il ne peut comprendre complètement. Il cherche et propose des solutions qui permettent de détourner le libre cours des phénomènes naturels. Il construit des digues, puis d’autres pour contrer les effets secondaires des premières. Il introduit des gènes étrangers à des organismes, détruit des forêts primaires pour des monocultures puis tente de réintroduire une « diversité culturale » pour rattraper le coup. Bref, à un instant donné, il ne peut maîtriser tous les effets à long terme de ses activités qui transforment la nature. Il ne peut que subir son évolution, qu’il en soit à l’origine ou non, et s’y adapter comme toute autre espèce vivante.

Quête sans fin, cette recherche est toutefois riche de premiers enseignements.

En observant l’évolution des espèces, on s’aperçoit qu’elles suivent toutes le même cours qui passe par des crises. Ces crises sont souvent le signe d’une mutation permettant le passage à la phase suivante. En passant à l’âge « adulte », la larve s’enferme dans une chrysalide pour faire émerger un papillon, capable de se reproduire. A l’échelle de l’espèce, le même cycle s’opère en commençant par son enfance, puis son adolescence et enfin son âge adulte conduisant inexorablement à son déclin et son extinction. La crise civilisationnelle que connaitrait l’homme moderne serait-elle le signe d’une mutation profonde de l’espèce, la crise d’adolescence d’une espèce qui a connu une explosion démographique, sur fond d’orgueil impertinent face à la "mère nature" ? Cette crise annoncerait-elle un âge de raison qui permettrait de poursuivre durablement le développement de l’espèce, humble et consciente de ses responsabilités pour sa survie ?

L’observation de la nature a, de tout temps, inspiré l’homme, ingénieur et architecte de son monde technologique. De Léonard de Vinci aux architectes du gratte-ciel de Dubaï calqué sur les termitières pour son système de rafraîchissement passif, le bio-mimétisme tente de décrypter l’ingéniosité des formes et des processus biologiques, parfaitement adaptés à leurs environnements. Intégrés en écosystèmes, ils exploitent les ressources naturelles avec une efficience qui rend l’évolution des espèces pérenne. 

Pour le concepteur, le bio-mimétisme est une voie possible de l’écoconception de produits durables. Pour le gestionnaire politique, un changement d’échelle s’opère. Il s’agit pour lui de développer des filières et un tissu industriel, sur un territoire et une population donnée. Même au niveau macro-économique, certaines analyses de la crise financière qualifiée de "systémique" renvoient à la faiblesse principale des stratégies court-termistes, qui se concentrent sur l'efficience "aux dépens de la résilience rendue possible par la diversité et un niveau suffisant d'interconnectivité"[2]. Un sysème de "flux complexes" que l'on retrouve... au sein d'écosystèmes naturels durables.

En inscrivant l’homme et ses activités dans les limites de la biosphère et en adoptant une approche systèmique basée sur la "pensée complexe", on ouvre une voie vers le développement durable, celle de l’écologie industrielle. Ainsi, la toute récente science, l'écologie, qui permet aujourd'hui d'analyser et de comprendre des écosystèmes naturels complexes, peut être prise comme modèle d'approche permettant d'analyser d'autres systèmes, d'origine humaine cette fois, comme la macrosphère économique par exemple... 



[1] Accepter sa condition peut être pris au sens existentiel : l’état du monde naturel et anthropique pose les conditions d’existence de l’homme, ce qui rejette l’hypothèse d’une « nature humaine », liée au divin, qui dicte les comportements humains, déterminés.

[2] Extrait d'un article de Bernard Lietaer, Diplomatie n°45 Juillet-Août 2010.

 

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13 août 2008 3 13 /08 /août /2008 13:53

Les sages de la Grèce antique avec leurs vertus morales et leurs vies parfois décalées nous paraissent bien loin aujourd’hui, et leurs discours d’autant plus difficiles à concilier avec nos modes de vie contemporaines. La sagesse stoïcienne serait impopulaire car peu attirante ou peu confortable, demandant trop de rigueur et d’effort sur soi, tandis qu’une forme d’épicurisme galvaudé et débridé semblerait avoir gagné nos comportements quotidiens, traduits par une consommation excessive de produits toujours plus indispensables et superficiels à la fois.
Pour exister socialement nous devons consommer, démontrer par nos achats notre ‘bon goût’, exprimer notre personnalité par la mode, prouver notre influence par notre pouvoir d’achat. Pour survivre il nous faut séduire. Malheureusement pour le stoïcien, la conception du bonheur par aspiration intellectuelle ne parait pas assez séduisante aujourd’hui pour laisser une place au sage. Alors quelle sagesse moderne ? Qu’elle soit épicurienne ou stoïcienne, la conception d’une sagesse appliquée dans notre société moderne doit prendre un autre visage que celle des maîtres à penser de l’antiquité. Il est possible d’être sage au XXIe siècle sans être reclus dans un coin propice à la méditation. Il s’agit d’être sage dans l’action (voir article Le projet intime de l’homme, ou le fondement du livre tout vert). Michel Puech, dans son livre Homo sapiens technologicus, l’a bien défini :

 

« Le sage dont nous avons besoin n’est pas un donneur de leçons, mais un praticien de la consistance. Il transmet, mais pas comme se transmet une doctrine. (…) Il ne s’agit plus aujourd’hui de tracer dans l’abstrait, dans le discours, la figure d’un « sage idéal », héroïque (…). La sagesse est un problème d’action, de petites actions. (…). La sagesse ordinaire des micro-actions se distingue très clairement de la sagesse héroïque de l’homme d’exception, de la supériorité morale absolue », « une prétention arrogante de plus, qui serait par cela même disqualifiée dès le principe. »

 

La sagesse moderne se traduirait donc par une somme d’actions quotidiennes cohérentes, qui n’ont pas d’autres ambitions que de satisfaire notre amour-propre (au sens philosophique) mais qui contribuent par ailleurs à la transmission anonyme de l’espoir et de la volonté de poursuivre un bonheur universel, passant par un développement équitable de tout homme qui aspire à ce même bonheur.

 

Pour mieux comprendre la puissance des micro-actions, la liberté et la responsabilité qu'il incombe à chacun de l'exercer, retrouver l'extrait de Homo sapiens technologicus ici (à partir de la page 320).

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7 août 2008 4 07 /08 /août /2008 13:35

La durabilité nous pousse à réinventer de nouvelles règles et à réordonner les valeurs fondamentales qui permettront de rendre notre civilisation pérenne, et cela en prenant en compte les données du monde existant, avec ses limites naturelles et les travers de son hôte, l'homme.
Par définition, le monde durable dont il est question ne peut être une utopie puisqu’il prend place en temps et lieu mêmes de notre monde. Le but n’est pas de décrire un monde durable qui pourrait se trouver sur un autre continent comme l’eldorado, ni même sur une autre planète. Le monde durable est à construire ici et maintenant.

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6 août 2008 3 06 /08 /août /2008 11:01

« L’homme est libre ». Ce principe existentialiste peut être discuté d’un point de vue philosophique, ou pratique. Pour le premier je laisse les écrits de Jean-Paul Sartre (notamment L’existentialisme est un humanisme) justifier cette sentence. Quand au point de vue pratique, je compte sur sa force dans l'action pour en démontrer la portée dans nos choix de vie.

Si l’homme est libre, alors le livre de son histoire est ouvert. Chaque seconde est une nouvelle page blanche que nous devons écrire. Bien sûr nous sommes conditionnés, si bien qu’il arrive parfois que nos vies se déroulent sans même que l’on ait à en tourner les pages. Mais ce conditionnement ne doit jamais nous faire oublier notre liberté fondamentale, celle qui a autorité absolue sur tous nos choix, celle qui nous livre à notre responsabilité de dessiner les contours de nos vies. C’est cette liberté qui nous pousse sur le chemin de nos vies, un chemin qui finit par définir notre projet intime, notre âme en d’autres termes. Et c’est à cette même liberté que l'on doit faire appel lorsqu’il s’agit d’écrire l’histoire de l’homme.

En pratique cela peut s’avérer beaucoup moins compliqué que ce qu’il n’y parait. Le principe de liberté fondamentale de l’homme est la clef de nos actions, et son application pourrait suivre la ligne méthodique suivante : nous portons tous en tant qu’individus une partie de ce qui représente l’homme ; chacun de nos actes, passés ou présents, contribue à définir l’image de l’homme ; donc si l’on peut facilement admettre que le bien devrait guider nos actes afin de rendre l’homme bon, alors on peut aisément répondre à la question "Si chaque homme sur Terre se comportait comme moi, vivrait-on dans un monde meilleur ?".

Cette méthode parait toutefois bien fastidieuse, et surtout, pas si facile à accorder lorsqu’il s’agit de définir le bien, ou même ce qui est bon pour l’homme. C’est pourquoi je propose d’ouvrir un nouveau livre pour tenter de décrire le monde dans lequel nous souhaiterions vivre. Sans considérer les notions de bien ou de mal, trop imprégnées de nos valeurs morales ou religieuses préconçues, je souhaiterais simplement définir un monde viable, un monde qui serait aujourd’hui qualifié de durable, en recherchant les principes fondamentaux qui ont fait grandir l’homme et qui lui permettront d’atteindre l’âge adulte.

 

Le livre tout vert  tend à décrire ce que pourrait être une vie responsable, non pas par les choix que l’on fait pour se loger, se nourrir ou se déplacer, car de nombreux guides existent déjà et sont à recommander, mais par le fait d’œuvrer à la construction d’un monde sain que l’on souhaite léguer aux futures générations. Il y a là une notion beaucoup plus proche de celle d’éducation. Nous éduquons de façon plus ou moins naturelle nos enfants. Mais nous éduquons de la même manière tout notre entourage, et il convient de ne pas négliger l’impact de nos styles de vie sur notre environnement plus ou moins proche. C’est cette forme de responsabilité individuelle qui doit guider nos modes de vie pour une transition vers un monde durable.

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